LA NOTION DE CULTURE
Lorsque nous parlons de culture, nous avons en tête deux significations du terme : son sens philosophique et son sens sociologique (ou ethnologique).
Il y a la culture de l’homme cultivé, celui dont on dit qu’il a de la culture. On entend par là qu’il a reçu une éducation grâce à laquelle il a cultivé son esprit, acquis des connaissances et développé des aptitudes et des qualités. Puisque Cicéron n’hésite pas à dire : « cultura animi philophia est » (Tusculanes, 2, 13), n’hésitons pas à reprendre le mot et parlons d’un sens philosophique du terme culture. Cette éducation consiste aussi bien dans l’instruction que l’on reçoit, c’est-à-dire les connaissances apprises à l’école, les sciences, les lettres, les arts, que dans la formation du jugement, du goût, des sentiments, de la sensibilité et du caractère. Toutefois, cette éducation qui fait un homme dont on dit qu’il est cultivé, n’élève pas à elle seule et par elle-même jusqu’à l’honnêteté et la probité. Elle n’est pas forcément une « bonne éducation », et un homme cultivé peut être un scélérat.
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Il y a la culture au sens sociologique ; c’est celle de l’homme qui appartient à une culture, celle de l’homme qui est intégré dans une culture. La culture est un mot qui désigne alors l’ensemble des savoirs, des croyances, des institutions, des pratiques et des valeurs qui règnent dans une société, c’est-à-dire aussi bien dans un milieu social que dans tout un peuple. C’est le mode de vie et de pensée qui caractérise une société.
La différence saute aux yeux. D’un côté, il y a un homme de goût, instruit et lettré, de l’autre, il y a un homme enraciné dans son milieu et qui se rattache à des traditions. On voit bien que les deux sens ne se recoupent pas : tous les hommes ne sont pas cultivés, mais tous les hommes vivent dans une société et appartiennent à une culture ; ils ont une langue, des mœurs et des croyances, quand bien même elles nous sembleraient primitives et barbares comme, par exemple, le meurtre des Hilotes chez les Spartiates. Mais la chose va plus loin qu’une simple différence de significations ; il s’agit bel et bien d’une opposition et, entre les deux sens, il y a vraiment une incompatibilité. Pour apercevoir tout ce qui les oppose il faut analyser les concepts que recouvrent ces deux significations.